Le Principe d'Empirisme
Testez toutes les hypothèses sur lesquelles vous vous appuyez à l’aide d’expériences et d’évaluations en continu, afin d’apprendre rapidement, de comprendre et d’appréhender la complexité aussi efficacement que possible.
L’empirisme — fondement de la méthode scientifique — est un principe essentiel à adopter pour naviguer efficacement dans un monde complexe. Non seulement les environnements dans lesquels les organisations opèrent sont complexes, mais une organisation est en soi un système adaptatif complexe. La connaissance d’un système organisationnel et de ses interactions est souvent provisoire et fortement dépendante du contexte.
L’empirisme peut nous aider à acquérir de la certitude et à réduire nos croyances infondées afin de mieux utiliser notre temps. Lorsque nous essayons de donner du sens aux choses et d’acquérir des certitudes sur ce qui se produit, nous tirons souvent des conclusions sans vérifier si les hypothèses sur lesquelles elles sont fondées sont vraies et précises. Dans la complexité, ce que nous percevons comme une cause peut souvent se révéler être une simple corrélation ou une coïncidence, et les résultats des interventions que nous effectuons mèneront toujours à certaines conséquences imprévues.
Observer et sonder les systèmes, et utiliser l’expérimentation pour baliser une approche itérative du changement, favorise un apprentissage continu et aide une organisation à se développer continuellement afin de rester efficace et réceptive au changement.
Clarifiez vos hypothèses
Une hypothèse est une explication provisoire de la relation entre une cause et un effet précis qui est à la fois testable et réfutable. Elle constitue un point de départ pour des expériences qui permettront de la prouver ou de la réfuter.
Dans le contexte des organisations, vous pourriez développer des hypothèses sur la façon dont un changement d’un processus ou de la structure organisationnelle améliorerait l’efficacité ou réduirait les coûts. Ou sur la façon dont reprogrammer une réunion particulière augmenterait l’engagement, ou faire une certaine modification à un produit attirerait un nouveau segment de clients tout en gardant les clients existants heureux, etc.
Lorsque nous sommes confrontés à l’incertitude, il est utile de poser explicitement les questions et les suppositions que vous faites en décrivant une hypothèse claire qui permettra de répondre à ces questions, et de valider si vos suppositions sont exactes. Une description vague ou ambiguë rendra les hypothèses difficiles voire même impossibles à tester. De plus, essayer de tester trop d’hypothèses à la fois peut vous engager sur un chemin trop long où vous apprendrez peu choses intéressantes. Moins c’est souvent plus.
Une compétence vitale à développer lors de la conception d’expériences est la capacité de distinguer entre les connaissances établies et les simples suppositions. En reconnaissant ce que vous ne savez pas encore et ce que vous supposez être plus ou moins vrai, vous pouvez identifier les questions et les suppositions autour desquelles construire une hypothèse.
Dans des domaines complexes, une approche fondée sur l’hypothèse repose sur des expériences pour valider ou réfuter les hypothèses, de sorte que vous puissiez trouver des idées viables ou les réfuter rapidement. Comprendre par l’expérimentation vous permet non seulement d’atteindre plus efficacement ce dont vous avez besoin ou désiré, mais peut également vous aider à valider les suppositions que vous faites à propos des premiers objectifs à poursuivre.
Concevoir de bonnes expériences
Une expérience est un test contrôlé conçu pour prouver ou réfuter une hypothèse. Les expériences vous fournissent des connaissances validées sur la façon de mieux répondre aux défis et aux opportunités auxquels vous faites face. Les résultats vous donnent souvent la possibilité d’affiner votre hypothèse, ou même de développer de nouvelles hypothèses que vous pourrez ensuite tester avec d’autres expériences.
Avant de commencer une expérience, il est important de la définir et de la documenter. Dans le contexte d’une organisation, une bonne expérience consistera en une liste de ce que vous devez faire et si c’est utile, de comment le faire, ainsi qu’une liste de variables que vous allez surveiller avant, pendant et après l’expérience.
Définissez et documentez des seuils spécifiques pour la réussite et l’échec de l’expérience liée à vos variables et détaillez les dans vos critères d’évaluation. Considérez en particulier ce que vous accepteriez comme preuve que votre hypothèse est fausse. Pendant qu’une expérience est en cours d’exécution, évitez d’y apporter des modifications, et si vous changez quelque chose, documentez ces modifications, sinon vos mesures risquent de perdre du sens. Il est vital de mesurer avant de commencer l’expérience pour vous assurer que le seuil de réussite n’est pas déjà atteint parce que vous auriez fait une erreur dans la conception de votre expérience.
Traiter les décisions comme des expériences
Dans un système complexe, il est impossible de prédire comment il réagira lorsqu’un changement particulier interviendra. Pour cette raison, vous pouvez appliquer le concept d’expérimentation à la manière dont vous abordez la prise de décision. Il est intéressant de considérer toutes les décisions significatives que vous prenez en tant qu’expériences, en matière d’opérations et de gouvernance, et de documenter pour chaque chaque cas, les résultats attendus et les critères d’évaluation prévus. Prenez une décision à la fois, en partant de là où cela vous semble le plus approprié ou logique puis faites évoluer ces décisions itérativement, en fonction de ce que vous apprendrez à chaque étape.