Soulever, rechercher et résoudre les objections aux propositions, aux accords existants et à l’activité, de réduire le potentiel de décisions conduisant à des conséquences indésirables et de découvrir des moyens utiles pour s’améliorer.

La recherche délibérée d’objections est un moyen de puiser dans l’intelligence collective d’une organisation et de bénéficier de perpectives que nous pourrions manquer autrement. Examiner les propositions, les accords et l’activité par le prisme de différentes personnes permet d’identifier les raisons pour lesquelles procéder d’une certaine façon pourrait conduire à des conséquences indésirables, et s’il y a des moyens utiles d’améliorer les choses.

L’adoption du principe de consentement invite à un changement d’orientation dans la prise de décision, en déplaçant l’intention rechercher un accord - «Tout le monde peut-il être d’accord avec cela?» - vers la pratique de vérifier délibérément les objections - y a-t-il des arguments qui soutiennent que ce n’est pas assez bon, pas assez sûr, ou qu’il y a des moyens valables de l’améliorer ?

Le consentement ne signifie pas que tout le monde est activement impliqué dans la prise de toutes les décisions, car ce serait inefficace. Cela exige cependant un niveau de transparence adéquat et une prise de conscience de la part des décideurs, d’informer et d’impliquer les personnes qui seraient impactées (à des degrés différents), ou d’inviter ceux qui peuvent apporter une expérience ou une expertise pertinente (voir Le Principe d’Équivalence).

Invitez le désaccord

Face à la complexité, considérer différentes perspectives, expériences et expertises est un moyen simple mais efficace de développer une compréhension commune cohérente, grâce à laquelle des décisions plus efficaces peuvent être prises.

Développer une culture qui accueille les opinions divergentes et où les gens s’appuient sur ces opinions pour découvrir toute la valeur qu’ils peuvent apporter est générateur d’engagement, de sécurité psychologique et d’adhésion aux décisions.

Passez de la suprématie des personnes aux arguments solides

En comparant les paradigmes de prise de décision, la différence essentielle réside dans le lieu où le pouvoir ultime de prendre une décision est placé. Dans les systèmes autocratiques, la suprématie est assurée par un individu ou un petit groupe. Dans un système gouverné par le vote à la majorité, la suprématie dépend de la majorité (ou de ceux qui peuvent convaincre la majorité de leur position). Dans un système aspirant au consensus unanime, la suprématie incombe à quiconque décide de bloquer une proposition ou un accord existant. Dans ces trois cas, une décision est prise indépendamment du fait que le motif de ces acteurs soit aligné ou non avec l’intérêt du système.

Lorsqu’un groupe ou une organisation adopte le principe du consentement, la suprématie passe d’un individu ou groupe particulier, vers des arguments raisonnés qui révèlent des conséquences indésirables potentielles ou des moyens valables de faire mieux. De cette manière, les personnes - quelque soit leur position, leur rang, leur fonction ou leur rôle - ne peuvent pas bloquer des décisions en se basant uniquement sur une opinion, une préférence personnelle ou un rang, et elles peuvent être tenues responsables dans le cas où elles le feraient. Le consentement invite tout le monde à être raisonnable, tout en laissant la place aux individus pour exprimer des perspectives, des opinions et des idées diverses.

Distinguez opinion ou préférence, et objections

Le consentement tire parti de l’intelligence distribuée dans une organisation, pas seulement en invitant les gens à soulever d’éventuelles objections, mais aussi en invitant les gens à examiner ensuite ces arguments, en éliminant ceux qui ne sont pas fondés, en faisant évoluer ceux qui s’avèrent partiellement vrais, et en révélant ceux qui sont des objections valables. Donc c’est généralement une bonne idée d’examiner les objections et de n’agir que sur celles qui passent le test. Cela réduit le temps perdu à argumenter inutilement sur des opinions, des préférences personnelles ou des biais.

Les arguments qui s’avèrent des objections — du moins dans la mesure où les intervenants peuvent le dire — aident un groupe à orienter ses efforts vers des changements dans les domaines où il est nécessaire ou utile de s’adapter et de s’améliorer. L’amélioration progressive basée sur la découverte et l’apprentissage est intégrée dans le consentement et est une conséquence inévitable de l’adoption du principe.

Adopter le principe du consentement oriente la prise de décision vers l’identification d’une solution suffisamment bonne pour l’instant, et sans améliorations valables évidentes qui justifieraient d’y passer plus de temps. Cette approche est bien plus efficace que d’essayer de parvenir à un consensus unanime où l’objectif serait de répondre aux préférences et aux idées personnelles de chacun.

Intégrez l’apprentissage par les objections

Les objections informent les gens sur des possibilités d’amélioration. Résoudre les Objections signifie typiquement faire évoluer les accords (proposés) et changer l’activité de manière à neutraliser cet argument. Parfois, cependant, après avoir considéré une objection, on peut se rendre compte que dans l’équilibre et pour une raison ou une autre, Il est plus avantageux de laisser ce qui a été objecté inchangé. En fin de compte, résoudre une objection et déterminer ce qui peut éventuellement être valable de faire, implique de peser le pour et le contre; à la fois en ce qui concerne la situation spécifique à laquelle une décision est destinée à répondre, mais aussi dans le contexte de l’organisation dans son ensemble. Dans la complexité, il n’y a généralement pas de décisions parfaites ou entièrement correctes, seulement celles qui (pour le moment au moins) semblent assez bonnes pour l’instant et suffisamment sûres pour les essayer. Souvent, tout ce qui est nécessaire est une prochaine étape suffisamment bonne pour apprendre empiriquement et adapter et faire évoluer la décision au fil du temps.

Cette approche par apprentissage naturel et progressif s’appuie sur la diversité des connaissances, ainsi que sur l’expérience et l’expertise distribuées au sein d’une organisation. Elle aide à passer d’un paradigme enraciné dans la pensée binaire et la polarisation à un processus de synergie continu, qui, au fil du temps, favorise également de meilleures relations entre les pairs.

Le contrat de consentement

Adopter le principe du consentement dans une équipe, ou dans l’organisation dans son ensemble, a des répercussions sur la façon dont les gens abordent la prise de décision, le dialogue et leurs activités. Envisagez d’expliciter le contrat moral suivant, afin d’aider les membres de l’organisation à adopter et à appliquer le principe du consentement :

  1. En l’absence d’objections à une proposition ou à un accord existant, je m’engage à respecter du mieux que je pourrais sur ce qui a été convenu.
  2. Quand j’en prendrai conscience, je partagerai toutes objections à des propositions, des accords ou des activités en cours, avec ceux qui en sont directement responsables.
  3. J’examinerai avec attention les objections aux propositions, aux accords et aux activités dont je suis responsable, et je m’efforcerai d’intégrer ces objections si je peux.
  4. J’examinerai activement les accords devant faire l’objet d’une d’évaluation qui m’affectent ou dont je suis responsable afin de vérifier s’il y a des objections éventuelles à la poursuite de cet accord sous sa forme actuelle.