Une objection est un argument – relatif à une proposition, un accord existant, ou une activité menée par un ou plusieurs membres de l’organisation - révélant des conséquences ou des risques qu’il serait préférable d’éviter pour l’organisation, ou démontrant des améliorations potentielles significatives.

Vous pouvez voir les objections comme un outil simple pour récolter les fruits de l’intelligence collective et améliorer la prise de décision.

Sachez que ne pas exprimer des objections peut nuire à la capacité des individus, des équipes ou de l’ensemble de l’organisation à atteindre leurs objectifs.

Dans une organisation qui suit le Principe de Consentement, les individus sont responsables de signaler des objections possibles aux propositions, aux accords existants, et aux activités – dès qu’ils en prennent connaissance – à ceux qui sont directement responsables de la décision ou de l’activité en question. En retour, les personnes responsables doivent écouter les arguments et adresser ceux qui sont considérés comme des objections. Les objections empêchent que les propositions ne se transforment en accords, sans que les arguments donnés ne soient considérés et sans s’entendre consciemment et explicitement sur la manière de les traiter. Il en va de même pour les décisions et les activités existantes.

Lorsque vous réfléchissez à la question de savoir si vous avez ou non des objections, examinez les questions suivantes :

  • Est-ce que poursuivre dans cette voie nous empêcherait de bien répondre au moteur et à l’exigence que la proposition est supposée traiter de manière efficace ? (efficacité)
  • Est-ce que poursuivre entraînerait des conséquences indésirables ou des risques pour votre domaine, pour l’organisation ou au-delà ? (effets secondaires)
  • Est-ce que poursuivre dans cette voie entraînerait du gaspillage, ou passerait à côté de d’améliorations substantielles ? (efficience)

Remarque : Une amélioration est substantielle lorsque le coût d’amélioration, en termes de temps, l’énergie et des ressources nécessaires, serait dépassé par les gains que le changement entraînerait.

Les informations apportées par les objections peuvent être utilisées pour améliorer :

  • les actions en cours et planifiées
  • la façon dont les gens exécutent les décisions
  • les accords existants
  • les propositions
  • la compréhension commune des moteurs

Visez à ce que les décisions soient “suffisamment bonnes et sûres pour le moment”

Créer une culture où chacun se sent à l’aise pour remonter des objections potentielles permet d’exploiter la diversité des points de vue, et d’élargir le vôtre.

Si personne n’a d’objection ou si les arguments qui se qualifient comme des objections ont été résolus, une décision peut être mise en application.

Examiner des objections n’a pas pour objectif de parvenir ou de garantir une décision “parfaite”, mais plutôt qu’elle soit juste assez bonne pour le moment et suffisamment sûre pour l’essayer. Cela signifie que, les personnes impliquées dans le processus décisionnel auront déterminé que, pour l’instant du moins, elles ne voient pas de conséquences néfastes, ni de risques importants, ni même d’améliorations substantielles à y apporter.

Pour les questions les plus complexes, prendre des décisions d’une manière itérative et incrémentale encourage à essayer des choses, plutôt que de tenter vainement d’anticiper toutes les possibilités à l’avance. Cela forge une culture de la compréhension par l’essai et l’apprentissage.

Évaluer régulièrement les décisions importantes et examiner délibérément les objections qui surgissent, donne plus de chances d’identifier des pistes d’amélioration pour les accords existants. De plus, cela aide également les gens à sereinement prendre des décisions qui soient suffisamment bonnes et sûres à essayer pour le moment (voir Évaluer et Faire Évoluer les Accords). Cette approche suggère de cheminer par des successions d’expérimentations et de découvertes, ainsi que par des décisions évolutives basées sur ce que l’on apprend au fil du temps.

Préoccupations

Tous les arguments présentés ne sont pas forcément des objections, mais ils peuvent cependant révéler des préoccupations.

Une préoccupation est une supposition qui ne peut (du moins pour le moment) être étayée par un raisonnement ou par suffisamment de preuves pour être considérée comme une objection à ceux qui la considèrent.

Les préoccupations n’empêchent pas de sceller des accords. Seules les objections le peuvent. Elles peuvent toutefois permettre de découvrir des façons d’améliorer les accords. On peut en effet atténuer certaines préoccupations en amendant ces accords, en y ajoutant certains critères d’évaluation ou en ajustant leur fréquence d’évaluation. C’est pourquoi il est important de faire part de vos préoccupations si vous pensez qu’il est utile de les prendre en considération. Toutefois, déterminer si un argument est une objection ou bien une simple préoccupation dépend parfois du contexte. Par conséquent, si vous vous demandez si vous avez bien une objection ou s’il s’agit d’une simple préoccupation, soyez proactif et vérifiez avec les autres pour voir ce qu’ils pensent (voir Examiner les Objections).